mardi, septembre 23, 2014

Pour les musulmans ...

« Pour les musulmans » : Edwy Plenel agace, Edwy Plenel interpelle

Suite à la parution de son plaidoyer « Pour les musulmans » et à son interview sur BFMTV, Edwy Plenel a suscité de nombreuses réactions en France. Admiré par une communauté trop peu habituée aux échos positifs à son sujet et détesté par tous ceux qu’il dénonce, l’homme n’a pas fini de faire parler de lui. Un […]
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Suite à la parution de son plaidoyer « Pour les musulmans » et à son interview sur BFMTV, Edwy Plenel a suscité de nombreuses réactions en France. Admiré par une communauté trop peu habituée aux échos positifs à son sujet et détesté par tous ceux qu’il dénonce, l’homme n’a pas fini de faire parler de lui.

Un engagement continuel

Et pourtant, Hervé Edwy Plenel n’est pas un essayiste amateur ou un islamophile du dimanche. Directeur de la rédaction du quotidien Le Monde de 1996 à 2004, cofondateur du très célèbre Mediapart, lauréat du prix Médicis essai (en 2001), il est aussi le fils d’Alain Plenel connu pour ses engagements anti-colonialistes.
Interviewé par de nombreux médias, invité sur plusieurs plateaux, l’écrivain a aussi pu donner une conférence à l’Institut du Monde Arabe le 18 septembre dernier.
Parce qu’il reproche au gouvernement français de jouer la carte de l’hystérie collective avec le plan anti-terrorisme récemment voté à l’Assemblée nationale ce jeudi, l’actuel ministre de l’Intérieur Bernard Cazeneuve a adressé un droit de réponse à M. Plenel. Affirmant que cette loi n’a rien de liberticide, il a ajouté « Combattre le terrorisme, c’est défendre les libertés ».
Bernard Cazeneuve explique : « La stratégie suivie aujourd’hui par les groupes terroristes présents en Syrie et en Irak vise au contraire à rendre la terreur accessible au plus grand nombre, à recruter le plus largement possible des combattants étrangers, en utilisant Internet et les réseaux sociaux pour diffuser leurs discours de haine, à permettre à tout à chacun d’acquérir le savoir-faire minimal  pour commettre un attentat « de proximité ». La lutte contre le terrorisme doit donc désormais viser prioritairement à lutter contre cette propagande, à contrarier les départs des Français tentés de rejoindre ces groupes criminels et à prévenir les passages à l’acte individuels. Chacune des dispositions du texte se déduit de ces circonstances nouvelles, méticuleusement analysées, et non du sentiment d’affolement que vous vous hasardez à prêter au Gouvernement. »

Réactions odieuses et islamophobie banalisée

Benoît Rayski, journaliste et essayiste qui se définit lui-même comme un « islamophobe de droite », a quant à lui publié une tribune nauséabonde sur Atlantico en réponse à l’essai « Pour les musulmans ». Sûr de lui, il affirme que les musulmans de France ne sont absolument pas à plaindre puisque des « enfants yézidis » sont « décapités » en Irak (CQFD, logique).
D’après M. Rayski, les musulmans ne devraient même pas être défendus par qui que ce soit, puisque « des lycéennes chrétiennes » sont « enlevées par la secte Boko Haram et mariées de force ». Dans un délire paranoïaque qui semble contagieux, l’homme explique que l’Islam c’est « la burqa pour toutes », « la charia », « le châtiment des homosexuels », « la peine de mort pour les blasphémateurs », « le fouet pour les filles impudiques » et autres clichés.
L’homme ira même jusqu’à opposer le « courageux imam de Drancy » (Hassen Chalghoumi) aux musulmans de France, qui ont le tord de ne jamais condamner avec force tous les crimes du monde et d’afficher sur leur visage contrit un mea culpa perpétuel.
Pour conclure, l’écrivain ne souffre d’aucun complexe : « L’Islam est un problème non seulement en France, mais dans le monde », « [L'Islam] a plutôt sale gueule ».

vendredi, septembre 19, 2014

On danse en Iran

http://keyhani.blog.lemonde.fr/2014/09/19/les-iraniens-ayant-danse-sur-happy-condamnes-a-des-peines-de-prison-et-91-coups-de-fouet-en-sursis/Cliquer ici !

mardi, septembre 02, 2014

Gideon LEVY

Gideon Levy, journaliste critique d'une société israélienne « malade »

Le Monde.fr | • Mis à jour le | Par
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Le journaliste Gideon Levy, ici en 2011, ne se déplace plus sans un garde du corps.

Des insultes et des menaces, le journaliste israélien d'Haaretz, Gideon Levy, en a reçu beaucoup en trente ans d'une carrière consacrée à la couverture de la politique israélienne dans les territoires palestiniens. Jamais comme durant l'opération « Bordure protectrice ».

Le 14 juillet, interviewé par une télévision dans les rues d'Ashkelon, ville méridionale d'Israël, le journaliste de 61 ans est pris à partie par un habitant : « Traître, va vivre avec le Hamas ! », lui hurle l'homme, lui jetant un billet à la figure. L'article qu'il a écrit le matin même, « Le mal que font les pilotes », lui a valu une pluie de menaces par téléphone et sur les réseaux sociaux. « Ils sont la crème de la jeunesse israélienne, (…) ils perpètrent les actes les plus mauvais, les plus brutaux et les plus méprisables. (…) Ils sont assis dans leur cockpit et appuient sur le bouton de leur joystick, jeu de guerre », a-t-il écrit. Dans la rue, où tous reconnaissent son imposante carrure et son visage tanné par le soleil, les regards se font mauvais et les insultes pleuvent.
« J'ai écrit le même article pendant l'opération "Plomb durci" (2008-2009), cela a suscité beaucoup de colère, mais rien comparé à ce que je vis en ce moment. L'armée et la sécurité sont la véritable religion de ce pays. Les gens voudraient qu'on ne critique qu'une fois que l'opération est finie », souligne-t-il. Il ne se déplace plus sans un garde du corps. Certains lui prédisent le même sort qu'Itzhak Rabin, tué le 4 novembre 1995 lors d'un discours public à Tel-Aviv par Yigal Amir, un extrémiste de droite, opposé aux accords d'Oslo qu'il avait signés avec les Palestiniens en 1993.
« LA SOCIÉTÉ ISRAÉLIENNE EST MALADE »
Gideon Levy n'est pas le seul à subir des menaces, à la limite de l'agression physique. « Les gens de gauche ont peur d'aller aux manifestations, d'être frappés. Le mot smolani ("gauchiste") est devenu la pire des insultes. On ne peut exprimer aucune sympathie ou empathie pour les Palestiniens sans être menacé. Les vrais racistes eux ne se cachent plus. » Le symptôme, selon lui, d'années d'expansion de l'extrême droite, du racisme et de l'incitation à la haine en Israël. « La société israélienne est malade. Du sud du pays à Tel-Aviv, les images de Gaza sont reçues avec indifférence, voire par des expressions de joie. Il suffit de regarder les réseaux sociaux et les appels à "les brûler tous". Je n'avais jamais vu ça », explique-t-il. « Finalement, le mot "fascisme", que j'essaie d'utiliser le moins possible, a mérité sa place dans la société israélienne », écrivait-il, le 19 juillet.
Mais l'homme est décidé à ne pas se taire. Le soutien que lui apporte la direction de son journal, malgré le désabonnement de lecteurs outrés et la colère de certains collègues, est inestimable à ses yeux. « Je crois sincèrement en ce que je pense, parfois je me trouve même trop modéré. Je regarde Al-Jazira en anglais et je deviens plus radical encore », confie-t-il. Celui qui fut pendant quatre ans à la fin des années soixante-dix, le conseiller et porte-parole de Shimon Pérès, alors au parti travailliste, n'était pas mû par l'idéologie, le jour où il a été envoyé par le quotidien Haaretz couvrir la première intifada (1987-1993). « J'ai peu à peu réalisé que l'occupation est le plus grand drame d'Israël et que personne ou presque ne la couvre », dit-il.
Lire notre reportage (en édition abonnés) : Paroles d'Israéliens, loin de Gaza
CONDAMNÉ À OBSERVER LA GUERRE DEPUIS SON SALON

Beaucoup le comparent à sa collègue, Amira Hass, qui vit à Ramallah. « Nous sommes très différents. Elle est très courageuse. Moi, je vis dans ma bulle à Tel-Aviv. » Depuis son salon, où il est condamné à observer la guerre, interdit comme tous les journalistes israéliens d'entrer à Gaza depuis huit ans, il zappe entre les chaînes nationales et internationales, édifié par la couverture des médias israéliens. « Ce sont deux mondes parallèles ! Les médias ici ont tellement déshumanisé les Palestiniens. »
Il fustige cette opération « plus brutale encore que "Plomb durci" ». « C'est horrible, ça n'a mené à rien. Le gouvernement n'avait aucune stratégie, aucun objectif clair. Il nous parle de tunnels au lieu de désenclaver Gaza. Ils ont bombardé des écoles, un marché, la station électrique. Il y a 400 000 réfugiés, dont certains pour la deuxième ou troisième fois. Ils admettent que plus de 70 % des victimes sont des civils : quelle excuse peut-on trouver à cela ? Ça ressemble à Damas. »
Le véritable contexte de cette guerre, dit-il, a été la fin des négociations de paix en avril, la mise sens dessus dessous de la Cisjordanie après l'enlèvement de trois jeunes Israéliens le 12 juin, les obstacles mis à l'accord de réconciliation interpalestinien et surtout sept ans de siège à Gaza. « Si les Palestiniens ne lancent pas de roquettes, personne ne parle de Gaza et ne s'en préoccupe. C'est une cage. Même lors des négociations de paix, ils ne parlent que de la Cisjordanie », pointe-t-il. « Vraiment, je n'aime pas le Hamas, mais tout ce qu'il demande c'est que le siège soit levé. »
Pour lui, seules les pressions de la communauté internationale pourront faire changer la politique d'Israël. Il n'y a plus personne en face. Le camp de la paix s'est délité depuis la seconde Intifada et « le mensonge d'Ehoud Barak ». « Il a dit qu'il n'y avait pas de partenaire pour la paix. Israël a perdu l'espoir et la gauche a perdu l'espoir. » Gideon Levy lui continue, soutenu par les lettres de ceux qui le remercient d'être une « lumière dans la pénombre » ou même de ceux qui, en désaccord avec ses idées, promettent de « se battre » pour qu'il puisse toujours s'exprimer.
 Hélène Sallon (Tel-Aviv, envoyée spéciale)
International